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TPE : La Métamorphose
3 février 2008

III-Métamorphose intellectuelle

La métamorphose, bien que souvent résumée à une transformation physique (et donc visible à l’œil nu) peut également prendre une dimension psychologique, qui pose d’ailleurs elle aussi la question de rupture et/ou de continuité. Il arrive en effet couramment que la  métamorphose s’opère plutôt sur l’intellectuel, provoquant des modifications essentiellement sur le comportement des individus ou sur leur façon de percevoir et de juger ce(ux) qui les entoure(nt).

            Ces transformations, qui concernent en majeure partie la race humaine et non la race animale (contrairement à la métamorphose de l‘aspect), font souvent suite à une envie d’évolution, éprouvée de manière plus ou moins importante, et se réalisent surtout inconsciemment. Elles peuvent alors se traduire de façons différentes, allant de la faible transformation inscrite dans une démarche de changement (dont l’appellation « métamorphose » est d’ailleurs un abus de langage) à la transformation radicale, impliquant un changement dans la perception de soi, de l’environnement, des personnes extérieures, et pouvant aller jusqu’à faire disparaître toute raison, ou même toute notion de temps et d’espace.  On parle alors de schizophrénie (« Psychose délirante chronique caractérisée par un autisme et générant une perturbation par rapport au monde extérieur et à soi même »), et l’impact de la métamorphose est tel qu’elle en devient donc une maladie.

            Enfin, la métamorphose est également parfois la traduction d’un désir d’échapper à la mort, d’affirmer, malgré le caractère éphémère de toute vie individuelle, la continuité de celle-ci. Elle reflète donc, dans ce cas, une pseudo supériorité de l’homme qui, par le biais des transformations, échappe à la fragilité et à la finalité de la vie humaine.

Or, si ces transformations mentales ne correspondent pas au sens étymologique de la métamorphose, elles sont toutefois considérées ainsi en raison du changement total qu’elles provoquent, et qui les place donc sur le même plan que les métamorphoses aspectuelles. C’est à ce type de métamorphoses que nous nous intéresseront ici, en traitant tout d’abord de l’origine et des caractéristiques de ces métamorphoses mentales, de ce qui leur a permis, au fil du temps, de se développer, puis en nous penchant sur la façon dont-elles évoluent, pour déterminer ainsi où se trouve la limite entre rupture et continuité.

            

            La métamorphose intellectuelle est née avec les questions existentielles de l’homme. C’est effectivement dès que celui-ci a commencé à s’interroger sur lui-même, sur l’origine de ses propres actes et, par extension, à se poser des questions similaires concernant ce qui constituait son environnement que les métamorphoses profondes, incontrôlables et parfois irréversibles sont apparues. Car si les métamorphoses sont nées avec l’humanité, elles étaient au départ surtout physiques, et n’étaient en aucun cas le résultat d’une transformation mentale survenue au préalable.

Il semble que ce type de métamorphose, ainsi que la schizophrénie, se soient principalement développées à partir du XVIII° et du XIX° siècles. On ne trouve en effet pas de trace indiquant leur existence avant cette période, mais plusieurs spécialistes tels que Gottesman ont émis l'hypothèse que la révolution industrielle aurait été l'élément déclanchant de la schizophrénie. La révolution industrielle, et également les périodes qui ont suivis, ont en effet engendré de nombreuses modifications sur nos sociétés :

- Réduction progressive du temps de travail,

- Développement des congés payés, et donc des moments personnels ainsi que des loisirs

- Changement des structures et des traditions familiales, du en partie au développement de l’instruction.

- Etc.

Or l'homme, au XIX° siècle, fort de ses nouvelles connaissances, est donc en mesure de réfléchir à propos de sujets divers et variés, et met ses nouvelles capacités en pratique, en s’interrogeant non seulement sur le monde, l’histoire, les sciences, etc., mais aussi sur lui-même, se posant des questions a propos de son origine, de son inconscient, entre autres, et mettant à profit le temps personnel dont il dispose désormais pour réfléchir et approfondir ces questions. 

Cette période est également celle de la remise en question de la religion, qui perd de l’importance et cesse d’être l’unique référence de la population, tant sur le plan du savoir que sur celui des idéologies à adopter. Or il est nécessaire de préciser que la métamorphose était à l’origine condamnée par la religion, qui la considérait comme immorale et dangereuse pour les valeurs qu’elle prônait: par ses transformations, la métamorphose permettait à l'homme d'accéder à une immortalité remettant en cause les principes de la création divine, qui ne donne en aucun cas la vie éternelle à l'homme. Face à cette diminution du poids de la religion, la métamorphose redevient un sujet de préoccupation, elle intrigue, obsède, et est le thème de réflexion de beaucoup d'écrivains, philosophes, artistes, ... . Mais ce changement nous intéresse surtout car il laisse les transformations d'ordre morale se développer. En effet, la religion ne dictant plus les comportements et attitudes à adopter, ni même les façons de penser à avoir. Chacun peut évoluer selon son gré, mais surtout de s'interroger en fonction de ce qui l'intéresse, d'analyser et de débattre librement, et c'est ainsi que les métamorphoses intellectuelles apparaissent. Car le fait que les hommes puissent maintenant réfléchir comme ils l'entendent va de paire avec le développement des interrogation : Ils peuvent désormais réfléchir également à propos d'eux même, et mettent en relation leur situation personnelle avec leur sentiments, réactions, et décident d‘eux même ce qu‘ils voudraient modifier. Les changements de personnalité ne sont donc plus le résultat d‘une évolution parallèle à celle de l‘individu, inscrite dans la logique de sa vie et due aux aléas de celle-ci, mais sont le plus souvent étudiés et font suite à une réflexion personnelle menée par l‘homme.

Naissent alors les "questions existentielles", celles qui posent l’interrogation de savoir qui l’on est, et qui remettent en cause les bases de notre existence telle qu’on l’a menée jusque là. Or c’est d’elles que découlent ce que nous considérons comme la métamorphose. Car ces questions touchent l’être humain en profondeur, le remettent en question, et existent même parfois sans que l’on s’en aperçoive réellement (il arrive, dans certains cas, que l’on s’interroge sans en avoir vraiment conscience, et que l’on découvre ensuite que des changements survenus récemment soient en fait les conséquences d’une remise en question intérieure, dont nous n’appréhendions pas l‘existence).

Ces questions existentielles, qui peuvent concerner à la fois la vie et les sentiments personnels de l’individu, sa place au sein d’un groupe, d’une communauté, le remettre en question par rapport à d’autres individus, ou encore concerner un sujet tout autre, à propos de ce qui l’entoure par exemple (on pense ici aux questions environnementales, religieuses, politiques, …), peuvent avoir diverses origines. En effet, elles peuvent s’être développées suite à un drame (perte d'un être cher, chagrin d'amour, maladie, etc.), une jalousie, de l’envie par rapport à quelqu’un ou à une situation, qui déclenchent alors un désir de rupture avec ce que l'on est et possède, et de changement dans l’optique de se rapprocher de cet idéal qui nous échappe, de devenir ce que l’on souhaite être. Elles peuvent aussi faire suite à une curiosité de sa propre origine, poussant à des réflexions nous menant parfois plus loin que ce que l'on aurait pensé. Car la métamorphose, comme le dit Nietzsche, n’est-ce pas finalement devenir ce que l’on est ? La métamorphose semble en effet être la matérialisation de notre inconscient, et ces transformations s’inscriraient donc dans une dynamique d’évolution volontaire (bien qu'elles puissent également être seulement désirées au fond de nous même, et indépendamment donc de la volonté dont on a conscience), visant à améliorer la perception que l’on a de nous, et a acquérir une certaine sérénité.

            Cette transformation, qui appartient au domaine de l'insaisissable et provoque donc des bouleversements au sein de notre inconscient et de notre mental, a également des conséquences de différents types. Cela peut aller d'un changement physique et/ou concernant notre environnement proche, conséquence d'une volonté d'affirmer le changement survenu dans notre personnalité (déménagement, modifications physiques, changement de travail, de mode de vie, ...), ou bien se matérialiser indépendamment de la volonté humaine. Or si le premier cas s'inscrit dans une démarche positive et est dans le déroulement logique de la métamorphose, finalisant la réalisation de celle-ci, le second en revanche a de plus lourdes conséquences. Car il représente une métamorphose ayant été au fond de l'inconscient humain, l'ayant bouleversé jusqu'à provoquer des modifications profondes, et parfois irréversibles. Les interrogations sont en effet telles qu'elles provoquent un chaos plutôt qu'une remise en question, et l'intellectuel est alors transformé par une métamorphose extrême, donnant lieu a des divagations et modifiant la perception de soi même, et également de ce qui nous entoure. Maupassant, dans son Horla, décrit on ne peut cette l'évolution (qui donne d'ailleurs lieu à la schizophrénie), ses caractéristiques et ce qu'elle engendre (voir partie "Mythes & Littérature"), décrivant pas à pas les modifications  opérées, et décrivant son entourage et son environnement de manière chaque fois plus floue que la fois d'avant, laissant donc bien au lecteur le loisir de comprendre la métamorphose en elle même mais également la façon dont elle évolue.

            Nous arrivons donc à notre deuxième partie, à savoir l'évolution de ces métamorphoses de l'esprit. Nous verrons tout d'abord comment a évolué leur statut et la perception des individus par rapport à elles au court du temps, puis nous aborderons l'évolution de la métamorphose en elle même, de la façon dont elle se développe et des changements qu'elle engendre au cours de ce développement.

            La métamorphose intellectuelle a d'abord subit une évolution de situation due au temps. Ainsi note-t-on, en premier lieu, un changement dans le point de vue de la société (et des gens) à propos de celle-ci. Car ce genre de transformations, qui n'étaient à l'origine pas prises en comptes, voir même bannies ou marginalisées, trouve peu a peu sa place et se développe de plus en plus. On reconnaît leur existence, puis on admet qu'elles jouent un rôle dans l'évolution de l'individu, on se met a réfléchir à leur propos, cherchant à comprendre ce phénomène que le temps n'a pas réussi à expliquer jusque là, et on arrête finalement de condamner la schizophrénie en la jugeant comme un fléau, pour l'étudier et tenter d'y remédier.

Ce n'est en effet qu'au XIX° siècle que la folie accède au rang de maladie (que ce soit la schizophrénie ou d'autre types de folies). Des études sont alors engagées par les médecins, et le problème cesse d'être pris à la légère. Il préoccupe, inquiète, en raison des ses conséquences sur la vie des individus et, par entension, sur celle des individus les entourant. Or il faut préciser qu'au jour d'aujourd'hui aucune solution probante n'a encore été trouvé qui réussisse à stopper totalement l'évolution de la maladie. On dispose ainsi de calmants, de médicaments pour retarder le processus, mais hormis l'isolement des malades (qui a pour utilité à la fois de les protéger d'eux même et de protéger le reste de la société de personnes ayant des capacités mentales altérées), rien de concret ne permet d'éviter l'issue fatale ce cette métamorphose extrême de l'esprit.

On assiste également à un changement en ce qui concerne les sentiments des non-malades par rapport aux malades. Ceux ci cessent effectivement d'être montrés du doigt et tenus à l'écart de la population et de toute vie sociale comme cela a pu être le cas par le passé (on pense entre autres aux périodes moyenâgeuses, durant lesquelles, bien que peu nombreuses, les personne atteintes de troubles mentaux étaient condamnées par le reste de la société à une exclusion sociale totale ou presque). De la même façon que leur trouble atteint le statut de maladie à part entière, eux atteignent le statut de malade et par la même occasion, la relative considération qui va avec. Les études permettent de plus de prouver que cette maladie se développe avec le temps et n'est donc pas présente dès la naissance. Elles écartent alors toute "responsabilité" de l'individu dans sa situation, et l'on arrête de les accabler en raison de leur maladie.

Les métamorphoses mentales moins poussées changent également de statut, mais de façon moins spectaculaires, puisque le changement réside dans la reconnaissance de leur existence en tant que transformation légitime de l'individu, et que l'on admet qu'un évènement survenu au cours de l'existence puisse modifier la personnalité, et par extension l'existence.

La métamorphose intellectuelle a donc finalement acquis au fil des siècles un statut qui lui est propre et lui accorde un droit d'existence, à la fois en tant que phénomène faisant partie intégrante de l'évolution de l'individu, et en tant que maladie à part entière, lorsqu'elle est plus extrême.

            Mais il existe aussi une évolution de la métamorphose en elle même, qui se développe, progresse, et déclanche des bouleversements de différents types sur l'existence. Ainsi la métamorphose intellectuelle provoque tout d'abord des changements d'ordre moral, qui ont ensuite des répercussions sur notre façon d'appréhender ce qui nous entoure, de voir les personnes dont nous étions proches, ... Il est, de plus, courant qu'une modification survenue dans notre mental et concernant notre personnalité, entraîne une envie et parfois même un besoin de changement dans notre vie, afin de matérialiser cette rupture avec notre "moi" d'avant. Le changement subit par notre mental à donc bien des répercussions sur notre vie réelle, et certaines vies prennent alors un tournant radicalement opposé, ou du moins tout à fais différent suite à la réalisation de ce phénomène.

            La schizophrénie évolue quant à elle de manière différente. Elle débute par des signes avant coureurs, tels que des bouleversements de la personnalité, des réactions inappropriées, un certain mutisme, etc. Ces facteurs se développent ensuite de manière progressive, plus ou moins rapide selon les individus, et accentuent l’isolement dans lequel plonge le malade. Le mutisme devient petit à petit total, la perception de l’environnement est altérée, modifiée, et l’homme perd peu à peu conscience de son statut d’être humain pour s’enfermer dans le monde virtuel que son esprit lui apporte. La schizophrénie, contrairement à la métamorphose intellectuelle de base, a donc des conséquences indéniablement plus graves, puisque l’individu n’est plus maître de ses actions et peut commettre des actes ayant de lourdes répercussions sans s’en rendre compte réellement.

En définitive on peut donc dire que la métamorphose dite intellectuelle est à la fois une rupture et une continuité, la rupture étant le résultat d‘une modification effectuée dans la durée et donc la continuité. Rupture car provoquant en effet, une fois achevée, une cassure indéniable séparant très nettement deux périodes de la vie des individus, et continuité puisqu’elle s’est développée en tant que phénomène au fil des siècles et des évolutions des sociétés, et également parce que ses effets sont rarement immédiats mais sont plutôt le résultat d’une longue et progressive transformation. Et, bien qu’il soit possible de déterminer où se situent les limites de ces deux aspects de la métamorphose, on ne peut donc pas l’assimiler à l’un ou l’autre uniquement.

REMARQUE :

Comme nous l’avons dit plus haut, la métamorphose obsède les hommes depuis qu’ils ont les moyens d’y réfléchir.

Comme beaucoup de ce qui fut objet d’attention, d’intérêt et de questionnement, elle est très présente dans le monde de l’art. Cela prouve cette fascination que l’homme a pour un sujet qui le laisse perplexe.

En effet, « pourquoi la métamorphose ? Pourquoi les choses ne restent-elles pas toujours ce qu’elles sont ? », sont des questions auxquelles on ne répondra sans doute jamais mais qui persisteront dans nos esprit en y prenant plus ou moins de place.

Les personnes qui furent trop obsédées par ce sujet se sont exprimées à travers l’art.

Comme la sculpture  « Léda et le cygne » qu’a réalisé le sculpteur Nicolas Fouquet en 1654.

Comme Maupassant qui a retranscrit ce qu’il ressentait dans le Horla, en 1887.

Comme la «Métamorphose de Narcisse » et le « poème paranoïaque » qui accompagne cette œuvre du peintre Dali datant de 1937.

Ou encore comme l’adaptation cinématographique de « Spider Man » sortit en salle en 2002.

Non seulement l’art reflète cette obsession mais il la représente.

Nous pouvons citer cette phrase de Guy Belzane, agrégé de lettre : « Il y a des métamorphoses dans l’art, mais l’art n’est fait que de métamorphose, l’art est LA métamorphose ». Car l’artiste crée à sa guise. Il métamorphose la réalité pour en faire ce qu’il veut de sa toile, de sa glaise ou de sa page blanche.

Ainsi, on voit bien que l'homme a traité les trois parties étudiées précédemment grâce à toute sa créativité en tout temps.

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