Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TPE : La Métamorphose
3 février 2008

II-Métamorphose à travers mythes et littérature

Il existe au-delà du phénomène réel, lorsque la graine se change en fleur, l’œuf fécondé en être vivant, ou l’enfant en adulte et ainsi de suite à l’infini, un mythe universel qui nourrit les religions, les arts et la littérature.

Le mot métamorphose vient du grec "métamorphosis" et signifie transformation ou changement de forme. De la bible en passant par les Métamorphoses d'Ovide, à la littérature contemporaine, la métamorphose a toujours inspiré l’homme.

En effet, le thème de la métamorphose prend racine dans la religion et la mythologie. Les mythes de tous les pays, sont des tentatives d'explication du monde et des phénomènes naturels et humains, à travers l'enchaînement de nombreuses métamorphoses.

Ce thème s'est ensuite élargi dans le domaine du fantastique, du surnaturel. La métamorphose ne produit ni mort, ni disparition, (notion de continuité) mais se situe dans la transformation d'un élément ou d'un être en un élément ou un être différent (notion de rupture).

                Le mythe de la métamorphose a pour fonction d’expliquer le monde, de lui donner un sens. L’homme reconstruit le monde à son image, et, par là même, il se donne la possibilité d’agir sur lui-même.

Mais, l’homme a de tout temps été de plus en plus curieux, et inquiet. Innombrables sont donc les mythes qui rapportent la création de l’homme à une métamorphose. Il existe un mythe de la création du monde et des hommes comme c’est le cas dans la bible: « Yahvé modela l’homme avec la glaise du sol. » (Genèse, I, 7), et, plus tard, « de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme. » (Genèse, II, 21).

La métamorphose est souvent liée pour les mythes, à la divinité ou aux personnages satellites des divinités. Elle est l'expression de la puissance divine et contient des effets de dramatisation.

Nous pouvons regrouper la métamorphose liée aux mythes sous trois axes : La métamorphose est un instrument de séduction de la puissance divine, mais c’est aussi un échappatoire à la tyrannie amoureuse des dieux ainsi qu’une manifestation de la punition ou de la clémence divine.

En effet, elle peut être utilisée comme un outil de séduction comme par exemple dans le mythe d’Europe et de Zeus, où Zeus se transforme en taureau blanc pour approcher Europe sans l’apeurer et échapper à la jalousie de son épouse, Héra. C’est l’exemple type qui prouve que la séduction fait parfois appelle à la métamorphose.

taureau

            Le fait de se transformer afin de séduire une personne à donc un effet de continuité dans le sens où nous mettons tout en oeuvre pour changer notre apparence et améliorer ce qui ne va pas. La rupture n’est que partielle puisque, au fond de nous, nous restons toujours la même personne intellectuellement. La seule chose qui changera sera l’apparence.

 

pan

La métamorphose peut aussi être utilisée à des fins de fuite. C’est le cas dans le mythe de Pan et Syrinx, lorsque Pan poursuit Syrinx qui est hamadrycide (nymphe des bois qui vit à l’intérieur d’un arbre et meurt avec lui). Au moment où il alla l’attraper, elle se transforma en un roseau. Pan décida de couper le roseau pour en faire une flûte, souvenir de cet amour déçu. Ce mythe est l’exemple même qui prouve que le sentiment de peur entraîne l’envie de se métamorphoser.

            Le fait de se transformer afin d’échapper à une personne, ici, Pan, nous donne une impression de rupture avec le monde réel. En effet, se transformer en roseau signifie que nous ne voulons plus appartenir à ce corps qui nous emprisonne et a ce qu’il représente et implique. Il y a donc ici, un effet de rupture et non de continuité. Par contre, la continuité ressort dans la transformation du roseau en flûte.

De plus, la métamorphose peut être utilisée afin de manifester la sentence des Dieux. Dans la mythologie grecque, Minos était le fils de Zeus, père des dieux, et de la princesse Europe. Partant de la cité de Cnossos, il colonisa un grand nombre d'îles Egéennes et fut généralement reconnu comme un souverain juste, sage législateur et, après sa mort, un des juges de l'Enfer. Dans la légende la plus célèbre, Minos refusa de sacrifier un certain taureau promis à Poséidon, dieu de la mer, qui le punit en inspirant la passion amoureuse de sa femme Pasiphaé pour l'animal, et elle donna naissance au Minotaure. Selon la légende antique, Minos était un tyran qui avait pris des mesures intolérables pour venger la mort de son fils Androgée aux mains des Athéniens. A des intervalles réguliers, il exigeait en tribut d'Athènes la livraison de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qui étaient sacrifiés au Minotaure. Minos trouva finalement la mort en Sicile, et devint alors un des juges du royaume des morts.

            

Cette métamorphose est due à la volonté divine, on peut donc la qualifiée de rupture avec l’aspect physique mais cela reste une continuité puisque l’aspect moral n’est pas atteint.



            Il existe aussi d’autres mythes comme celui du Loup-Garou. Selon la légende, lors des nuits de pleine lune, l’humain loup-garou, se transforme en un loup énorme avec des sens surdéveloppés et acquiert les caractères attribués à cet animal : puissance musculaire, agilité, ruse et férocité. Il chasse et attaque sans merci ses victimes pour les dévorer, ne contrôlant plus ses faits et gestes, et pouvant tuer de nombreuses victimes en une seule nuit. Les gens se sont mis à chasser les loups, s’en protégeant avec de l’eau bénite et les tuant avec une balle en argent ou avec des pieux d'argent.

loup_garou

lycantropie

            L'homme atteint de lycanthropie doit généralement ôter ses vêtements avant de prendre la forme du loup-garou. Cette croyance apparaît déjà dans le Satyricon de Pétrone (Ier siècle). De même, dans le "Lai de Bisclavret" de Marie de France (XIIe s.), un chevalier doit se déshabiller entièrement avant de se métamorphoser et dissimule ses vêtements sous une pierre creuse car, s'il ne les retrouvait pas, il serait condamné à errer indéfiniment sous la forme d'un loup.

            Selon la tradition, les loups-garous souffrent de la même répulsion que les vampires pour les choses sacrées et étaient, de même, considérés comme créatures du Diable. Leur condition peut être héréditaire ou acquise. Elle peut advenir par une malédiction prononcée par un sorcier ou par un prêtre, ou en trinquant (sans le savoir) avec un loup-garou qui prononce alors une formule de transmission (croyance lituanienne).

            On peut donc dire que cette métamorphose à ici une valeur de rupture physique puisque l’homme se transforme en loup et change donc d’apparence. De plus, c’est aussi une rupture au niveau intellectuel, car cette métamorphose influence le comportement de l’homme envers les autres en faisant ressortir le côté prédateur du métamorphosé.

Depuis une époque plus récente, la littérature s’intéresse également aux métamorphoses. Ce sujet intrigue et passionne. D’Ovide à Kafka, en passant par Maupassant et Ionesco, tous ces auteurs ont traités la métamorphose, qu’elle soit physique, morale ou parfois les deux à la fois. Ovide

Les Métamorphoses d'Ovide est un long poème épique latin constitué de plus de quinze livres et douze mille vers. Sa composition débute probablement en l'an 1 et décrit la naissance et l'histoire du monde gréco-romain jusqu'à l'époque de l'empereur Auguste. Ovide fut le premier auteur à parler de ces changements qui bouleversent et changent l’attitude des personnes.

KafkaKafka avec son ouvrage La métamorphose, nous fait le récit d’un homme qui se transforme physiquement en une sorte de coléoptère. La métamorphose de Grégoire peut être interprétée comme une traduction de la perception qu’il a de lui-même. Il y a donc une rupture entre le moment où Grégoire est « normal » et le moment où il se sent changé : la métamorphose est donc en premier lieu morale puis physique.

ionesco

De même, Ionesco avec Rhinocéros, nous raconte la métamorphose de Jean qui passe, tout d’abord par une métamorphose mentale puis par une métamorphose physique qu’il ne maîtrise pas. Ce changement physique illustre le débat des idéologies en Europe, qu’il ressent lui-même intérieurement. On parle alors de rupture puisque Jean ne maîtrise pas sa métamorphose physique et morale.

         

         On peut donc rassembler les récits de Kafka et de Ionesco qui ont un point commun, celui de la métamorphose physique qui est liée à une métamorphose morale.

horla            Dans un autre registre, Maupassant, avec Le Horla, nous décrit quand à lui, les différents stades d’un homme qui devient dépressif et fou. Sa métamorphose signifie qu’il veut s’échapper à lui-même, il recherche une porte de sortie pour éviter de se confronter à la réalité.

Cette métamorphose peut être considérée comme une continuité car en effet, sa folie ne fait qu'évoluer au cours du temps, en revanche, son suicide est une rupture avec le monde réel.

Il existe aussi d’autres auteurs qui ont abordés le thème de la métamorphose comme Oscar Wilde dans Le portrait de Dorian Gray, Patrick Süskind dans Le testament de maître Musard, et Le cas étrange du Dr Jeckyll et de M. Hyde de R. L. Stevenson.

La métamorphose n’est donc pas qu’un sujet biologique, il est aussi un sujet intellectuel qui est apparu dans un premier temps, dans les mythes puis dans la littérature. La question d’une transformation éventuelle d’un être humain en un être différent est abordée dés le 1er siècle puis aboutie à la publication des mythes et des œuvres littéraires.

            Nous retiendrons qu’une métamorphose n’arrive jamais seule, elle est la conséquence d’un fait qui nous trouble ou nous fait réagir.

            Dans le cas de la métamorphose physique, on parle alors de continuité puisque le corps change et évolue en vieillissant. La seule rupture possible physique reste la mort où le corps s’arrête de fonctionner. Pour l’aspect littéraire, tout dépend du sujet traité, mais en général, il s’agit plutôt d’une rupture avec le monde réel. Enfin, pour le plan intellectuel, il s’agit d’une continuité puisque notre esprit et notre cerveau évoluent de jours en jours. La rupture existe lorsque la métamorphose intellectuelle est finie.

Publicité
Commentaires
TPE : La Métamorphose
Publicité
Publicité